mercredi 30 avril 2008

Coucou, nous revoila (suite): d'Itampolo à Lavanono (ou le salaire de la peur...)

Apparemment, mon premier message est bien parti, donc j'enchaîne.
Le deuxième jour de notre périple, nous avions prévu de rejoindre Lavanono par la piste côtière. Ce trajet nécessite de traverser deux rivières : pas de problème pour la première alors que la seconde (la Ménaranda) était trop haute en raison des récentes pluies. Heureusement, Abel s'était renseigné et nous avons d'emblée fait un détour par la route de l'intérieur qui n'a de nationale que le nom.

Nous avons alterné les cailloux, les trous, le sable, les flaques de boue, etc. à une moyenne de 20 km à l'heure. C'était très varié ! Quelquefois, on se croyait au cinéma (mais dans le film; dans le rôle d'Indiana Jones à peu près...). Bref, tout ça nous a pris dix heures, y compris le sauvetage de l'équipe médicale (!) chargée de faire le tour de la province dans la cadre de la semaine de la santé de la mère et de l'enfant. Ils étaient tombés en panne la veille au soir (plus de carburant ni de batterie, sans compter un 4x4 pourri...). Heureusement, Abel les a dépannés. Bref, tout cela pour dire que la route n'est pas des plus fréquentées et qu'il vaut mieux avoir du bon matériel et un chauffeur professionnel...
Cette piste est en outre bordée de tombeaux Mahafaly : il s'agit de vastes constructions (qui peuvent dépasser 200 m²). Elles sont ornées de poteaux de bois sculptés et peints (les aloalo : prononcer aloual) et de motifs illustrant les goûts et la vie du défunt : militaire ou policier en armes, hélicoptère, avion, etc. Ces tombeaux sont également ornés des cornes des zébus qui ont été sacrifiés, en grand nombre le plus souvent, lors des obsèques.


Un tombeau Mahafaly : on peut voir les cornes de zébus sacrifiés lors des obsèques ; ainsi que les aloalo (sculptures verticales qui illustrent la vie et les goûts du défunt).

Le contraste entre l'importance des tombeaux et le caractère rudimentaire des huttes habitées par les vivants peut surprendre...

Rassurez vous, ce n'est pas moi qui conduis : le volant est à droite!

Une des nombreuses tortues rencontrées sur la piste. Elles traversent tranquillement et il faut descendre de voiture pour les porter de l'autre côté du chemin. Elles peuvent peser 3-4 kilos, carapace comprise!

Les figuiers de barbarie chargés de fruits dont je parlais dans mon précédent message. C'est très rafraichissant, une fois que l'on a ôté les épines...
La piste...
Distribution de bonbons lors d'un arrêt
Un tombeau
Et la piste...
Le sauvetage de l'équipe médicale : transfert de l'essence
Une flaque sur la piste... celle-ci était particulièrement profonde


Au bout d'une dizaine d'heures, nous sommes arrivés "chez Gigi", à Lavanono. J'abrège mes commentaires concernant l'hôtel de Lavanono et surtout son propriétaire : un solitaire un peu (!) paranoïaque et bavard... qui accueille qui il veut, au motif qu'il est chez lui ! A sa décharge, il faut dire qu'il est le seul dans un site paradisiaque avec le désert à plusieurs heures de route à la ronde. Les bungalows de chez Gigi surplombent la plage et sont disséminés dans un jardin qui rassemble (selon son propriétaire) toute la flore typique de la région. L'eau y est très rare, l'électricité aussi, mais c'est un endroit magnifique et calme : seul bruit ; celui des vagues... et le bavardage incessant de Gigi
La vue que nous avons de notre bungalow, à Lavanono, le soir

Même chose mais le matin!

Et encore...

La route du lendemain en direction de Faux Cap passe par la réserve de Cap sainte Marie (l'extrémité géographique et méridionale de Mada).
En quittant Lavanono, il suffit de se retourner pour prendre les deux photos suivantes...



Et à nouveau la piste...

Nous voici au cap Sainte Marie. Le paysage est à couper le souffle : en haut d'une falaise de 100 mètres de haut, nous nous sommes fait prendre en photo pour vous montrer ce que ça donne quand papi et mami sont au bout du monde (ce qui était le titre que j'avais prévu de donner à cet épisode).


Sur la crête, le sentier qu'empruntent les pêcheurs pour se rendre au bord de l'eau...


Abel nous fait le coup de la panne : crevaison à cap Sainte Marie...

Les habitations sont de taille modeste. Elles sont construites avec des tiges d'aloès ou de sisal.

En route pour le marché, qui se tient à quelques kms

Au premier plan quelques pieds de sisal et un baobab double à l'arrière plan.

Un tombeau Antandroy


Le marché : à part les figues de barbarie, pas grand chose à se mettre sous la dent...


...sauf quelques racines de manioc
et quelques poulets un peu malingres...


Nous avons ensuite rejoint Faux Cap (une centaine d'habitants). L'hôtel Libertalia possède six bungalows éclairés à l'énergie solaire et vides pour 5 d'entre eux. C'est tellement loin de tout que le ravitaillement pose problème. Ainsi, nous avons été obligés de boire de la bière car il n'y avait plus d'eau !!!!!!!! Il a fallu s'adapter... Nous nous sommes quand même demandés à quoi servait la bouteille de pastis qui trônait sur le bar...

A part ces détails, un site sublime. La barrière de corail est à 100 mètres de la plage et délimite un lagon magnifique : une véritable piscine naturelle; nous avons pensé que Jeanne et Adrien s'en seraient donné à coeur joie. Jeanne aurait cependant trouvé que c'était un peu chaud, elle qui se baigne à l'île de Ré... dans une eau à 16 ° (merci à Caro pour ses messages détaillés).

Et voilà!


La barrière de corail sur laquelle rebondissent les vagues


L'un des bungalows de l'hôtel Libertalia, à Faux Cap.

Je m'arrête ici pour aujourd'hui car le soleil va bientôt se coucher... et je pense que vous en avez pris plein les yeux !


Bises à tous

Coucou, nous revoila

Bonjour à tous, de Fort Dauphin le 30 avril

Nous sommes arrivés hier en fin d'après-midi à Fort Dauphin (sud est de Mada) après notre périple dans le grand sud. Ci-dessous quelques détails et anecdotes de ce périple...

Mon dernier message date de Tuléar (côte ouest). Pendant que je rédigeais ce message, le jeudi 24 avril, nous avons eu un coup de fil de Gaston (le guide qui nous accompagnait dans l'Isalo) : ayant eu quelques remarques de sa hiérarchie, il nous demandait s'il nous serait possible de lui faire parvenir des chaussures de montagne (il faut dire qu'il fait toutes ses ascensions en tong!). Dans les dix minutes, nous avons eu la chance de trouver le seul marchand de chaussures (de montagne entre autres...) de Tuléar. Le patron a même accepté de les envoyer par la poste rapide. Si la poste malgache est fiable, Gaston va pouvoir frimer auprès de ses collègues !

Le lendemain, nous sommes partis pour Anakao où nous avions rendez vous avec le 4x4 à destination du grand sud. Pour rejoindre Anakao, il y a deux possibilités: une heure de bateau ou 10 heures de piste... Nous avons fait en partie les deux car le bateau n'est pas parti de Tuléar en raison des conditions de navigation et aussi du récent naufrage - la semaine précédente - d'un bateau sur ce parcours (4 morts...).
Le voyage a donc été un peu plus chaotique (dans tous les sens du terme) puisque nous avons commencé par deux bonnes heures de bus, suivies d'une attente de deux autres heures sur une plage (le soleil...), pour finalement traverser en une trentaine de minutes une rivière. Le périple s'est terminé par une petite balade en camion militaire jusqu'à l'hôtel en bord de plage : ouf.

Sur les trois photos précédentes, le transbordement des bagages, motos et autres quads, pour la traversée de la rivière en baie de Saint-Augustin, ci-dessous.

Et la halte salutaire sur la plage d'Anakao, dans notre bungalow équipé entre autres d'un hamac


une bonne idée, le hamac...



Le lendemain samedi, à 7 heures du matin, devant le 4x4 chargé de bidons d'essence, en compagnie d'Abel qui va nous conduire pendant 4 jours.


Notre première étape est Itampolo que nous avons atteint au bout de 8 heures de route à peu près. On traverse des régions en apparence désertiques (le pays des épines, des tombeaux Mahafaly et Antandroy, des tortues radiées, etc.) mais dès que l'on s'arrête, on voit des gens surgir de partout.
La végétation est très spéciale dans cette région - l'Androy - composée essentiellement d'épineux d'une grande diversité. Androy signifie justement "le pays des épines". On en voit plus particulièrement deux principaux : le fantsiholitra (voir un exemple ci-dessous) ; et le figuier de barbarie. Sur une assez longue distance (en temps sinon en kms), on se retrouve entouré de figuiers de barbarie chargés de fruits rouges et mesurant dans les 2-3 mètres de hauteur (les figuiers, pas les fruits...). J'ai lu depuis que les figuiers de barbarie ont permis la subsistance (!) de la population Antandroy pendant les disettes : les figues pour les êtres humains et les feuilles pour les animaux. Nous avons gouté aux figues : ce n'est pas mauvais (un peu comme le kiwi) mais cela ne nous a pas semblé très énergétique.

Un exemple de fantsiholitra
La piste est essentiellement sableuse et nécessite la conduite par un spécialiste : j'ai oublié de vous dire que notre chauffeur -Abel- s'est montré à la hauteur!

La plage d'Itampolo, le matin...


... et le soir : les couleurs, y compris celles de JL sont réalistes !


Sur la route vers Itampolo, nous nous sommes arrêtés dans le parc de Tsimanampetsotsa. Dans ce parc se trouve le lac du même nom, dont l'eau est d'un bleu turquoise étonnant (en raison de la forte teneur en sulfate de chaux de ses eaux.

Vue sur le lac Tsimanampetsotsa, depuis le sommet de la colline


Les rives du lac sont fréquentés par des flamants roses et on trouve dans les parages un certain nombre de grottes peuplées de poissons aveugles dont voici quelques exemples.
Nous avons pris un guide pour visiter ce parc et escalader la colline qui domine le lac. En chemin, on rencontre beaucoup d'oiseaux. Ci-dessous un coua, l'un des nombreux oiseaux qui peuplent le parc. Il y en a 71 variétés, dont les pluviers et les couas sans compter les flamants roses.


Dans ce parc la flore est aussi très riche, ce qui contraste avec les paysages essentiellement composés d'épineux (le bush) que nous venons de parcourir et qui vont nous entourer pendant les 500 prochains kilomètres.


En route vers le sommet du mont


Le baobab "grand-mère"... en arrière plan


Voyez ci-dessous une vue très partielle d'un gigantesque ficus dans le parc national de Tsimanampetsotsa.


Après cette balade dans le parc Tsimanampetsotsa (je ne me lasse pas d'écrire ce nom !), nous sommes repartis en cahotant sur la piste, direction Itampolo. En chemin, nous faisons plusieurs arrêts pour éviter d'écraser les nombreuses tortues radiées qui traversent tranquillement la piste.

Tortue radiée : face ventrale

La même, vue sous un angle plus habituel


Au bout de ce long chemin, nous atteignons l'hôtel Sud-Sud, sur la plage d'Itampolo. L'hôtel est géré par Laurent, mais appartient à Alain de Tuléar.

Pour aller de notre bungalow à la plage (20 m).

Nous occupons l'un des six bungalows de cet hôtel : tous sont quasiment sur la plage. Pendant que JL se baigne, je suis entourée d'une nuée d'enfants qui me demandent des bonbons, des crayons, des tee-shirts, etc. et qui finalement se rabattent sur ma crème solaire : séance de maquillage puis de photos...

Le soir nous avons mangé sur la terrasse de l'hôtel. Je vous laisse deviner le menu, sachant qu'Itampolo est appelée "le paradis de la langouste". Le patron nous a à la bonne (c'est un copain d'Abel, notre chauffeur). Nous n'avons malheureusement pas de photo de la langouste qu'il nous a servie, mais nous n'en avons pas laissé une miette... à tel point que le patron est venu nous en proposer "une autre, un peu plus petite". Croyant plaisanter, nous lui avons répondu que nous la mangerions avec plaisir lors du pique-nique du lendemain, pour lequel il devait nous préparer des sandwiches. Il nous a pris au mot et nous avons eu la surprise de trouver une langouste cuite en compagnie de nos sandwiches : très chic !

Le lendemain, pas de grasse matinée : nous partons dès le lever du soleil en direction de Lavanono.